Ô douce ivresse, dis moi qui je suis

Rapport à soi

Boire pour s’échapper, pour s’intégrer, pour ressentir plus fort, pour savourer : et si on se posait vraiment la question du pourquoi on boit ?

Introduction

J’ai fait un dry tout le mois de février (avec une entorse le jour de la Saint-Valentin, oupsi). Et contre tout attente, j’ai adoré ça.

J’ai tellement aimé ne pas boire que je me suis demandé… pourquoi je buvais finalement ?

Pourtant, quelques mois plus tôt, rien que l’idée d’une abstinence prolongée m’aurait semblé être une punition terrible.

Alors, qu’est-ce qui a changé ?

Pourquoi je bois ? Et pourquoi on boit ?

Qu’est-ce que l’alcool m’apporte ? Qu’est-ce qu’il me retire ?


1. L’alcool par nécessité de “couper”

Depuis trois mois, et pour la première fois de ma vie, j’aime mes journées. Genre, vraiment. Je me lève le matin sans l’envie de fuir, impatiente de ce que je vais vivre. Je n’ai plus besoin de “décrocher”.

Dis autrement, je me sens à ma juste place.


L’alcool, cet anxiolytique

Avant ça ? Dès le jeudi soir, un verre s’imposait. C’était plus qu’une envie, c’était un besoin. Celui de souffler. D’arrêter le flux de pensées ne serait-ce que quelques instants. D’échapper à l’angoisse rampante d’un quotidien qui ne me convenait pas.

Le stress accumulé au fil des jours pousse à chercher une échappatoire, à vidanger la tension accumulée. Et un simple verre, peut parfois suffire à mettre son mental sur pause, à suspendre un instant, le flux des préoccupations.

Je n’invente rien, c’est un mécanisme bien connu : l’alcool est un anxiolytique, il assourdit la conscience.

D’où ce premier verre, et sa promesse. Celle “d’oublier” un tant soit peu, sa réalité.


Réduire le besoin de couper, plutôt que de chercher à le combler

Mais l’alcool est-il L’unique option pour alléger nos esprits ?

J’ai cherché des alternatives sans trouver de substitut assez puissant, il faut le dire. Alors oui, le sport peut aider pendant quelques heures. Quant à la méditation ou le yoga, personnellement, elles ont tendance à davantage intensifier mon hyperactivité mentale plutôt que des calmer mes ruminations.

Alors, si rien ne semble pouvoir le remplacer, pourquoi ne pas agir à la racine ?

C’est à mon sens possible.

En se créant un quotidien plus aligné, dans lequel on se sent bien.

Moins de frictions. Moins de compromis qui nous usent.

J’ai parlé de la sphère professionnelle mais il peut s’agir de son couple, son cadre familial, des difficultés financières, une maladie…

Alors où est-ce que ça coince chez toi ? Sur quoi peux-tu agir pour te sentir plus aligné dans ta vie ?


2. L’alcool pour éprouver l’intensité

Mais on ne boit pas seulement pour lâcher prise. On boit aussi pour se sentir intensément vivant.

Qui n’a jamais ressenti, après quelques verres, cette sensation d’être plus libre, plus audacieux, plus présent ?

Ce moment où la soirée devient magique, où les rires résonnent plus fort, où l’on se sent nous-mêmes plus vivants, où tout paraît plus vibrant ?

Mais s’agit-il seulement d’une illusion ?


L’alcool comme révélateur

Je ne crois pas. Je ne pense pas que l’alcool nous dupe, je crois qu’il révèle.

Il inhibe nos filtres sociaux, nos barrières sociales et mentales. Il nous permet d’oser plus, de parler plus fort, de nous affirmer avec plus d’emphase, de prendre notre place.

Dans Les Vertus de l’Echec, le philosophe Charles Pépin nous explique que c’est souvent la peur du regard des autres qui nous empêche d’être pleinement nous-mêmes.

Rien de très nouveau jusqu’ici.

L’alcool vient anesthésier cette peur et nous donner l’illusion d’une version “plus libre'“ de nous-mêmes, moins contrainte.

Les préoccupations quant au “qu’est-ce que les gens vont en penser ?”, ne sont plus. Parce que vous, vous vous sentez bien.

Alors la vraie question qui me fascine, c’est de savoir s’il est possible de ressentir cette ivresse sans alcool ?


Une liberté déjà présente en nous

Si on l’écoute, on comprend que le ressenti provoqué par l’ivresse, existe déjà en nous. Si on arrivait à s’accepter, à se montrer tel que l’on est, à affirmer notre identité sans peur, à assumer nos forces comme nos vulnérabilités, à avoir confiance en nous … que se passerait-il ?

On pourrait vivre cette intensité, l’incarner, et pas seulement dans un cadre de soirée.

Personnellement, cette intensité, je la ressens dans l’expression de ma créativité : lorsque je lis, lorsque je m’inspire, lorsque j’écris. Lorsque je me sens traversée par des mots, des idées et où je me sens profondément connectée à moi-même.

Mais je la trouve aussi dans la beauté : dans un soleil qui décline, dans un jour qui se lève (oui, j’ai une légère obsession du ciel rouge orangé), dans une montagne qui se dresse, dans un horizon qui s’étend à perte de vue.

Et toi, où trouves-tu ton ivresse, sans alcool ?


3. L’alcool parce que c’est agréable

Et puis parfois, un verre, c’est juste un bon verre.

Le goût d’un vin incroyable, la fraîcheur d’une bière en été. Pas d’angoisse à noyer, pas de besoin à combler. Juste le plaisir du moment.

Mais si ce plaisir devient systématique, est-ce encore un plaisir… ou une habitude ?

Un bon burger, c’est délicieux. Mais trois fois par semaine ? C’est autre chose.

L’enjeu n’est pas de prôner l’abstinence, mais de se questionner : est-ce que je bois par choix, ou par automatisme ? Par plaisir ou par compensation ?

Quelqu’en soit la réponse, l’important c’est de le conscientiser.

On a souvent tendance à penser que l’arrêt de l’alcool concerne surtout ceux qui ont un problème avec.

Mais en réalité, réduire sa consommation, ça peut aussi simplement être un moyen de mieux s’écouter et de s’assurer que l’alcool reste un choix, et non un besoin.


Et peut-être que c’est là, la vraie liberté.


4. L’alcool pour répondre aux attentes sociales

Boire par acte social

Qui n’a jamais ressenti cette micro-pression quand tout le monde trinque et qu’on hésite à refuser ?

Cette impression de “casser l’ambiance”, d’être chiant pour le dire franchement.

Refuser un verre dans ce contexte, c’est un peu comme refuser de se resservir quand ta grand-mère a préparé ton plat préféré.

Ces attentes en disent long sur notre rapport à l’alcool.

On ne boit pas juste pour soi. On boit parfois par devoir, pour montrer que oui, nous aussi, on veut partager une norme, une habitude collective.


Ne pas boire, c’est s’affirmer une différence

Sortir de ce schéma, c’est ici encore, affirmer une identité, bousculer les autres, prendre le risque de déplaire ou de décevoir.

Et c’est peut-être là que commence la vraie prise de pouvoir.

Refuser un verre sans se sentir coupable, c’est se déresponsabiliser de la manière dont ça sera reçu.

Et si vous suivez ce que j’ai l’habitude de prôner, c’est le meilleur moyen de se rapprocher de soi.

Chacun est responsable de ses propres émotions. Les autres peuvent être à l’origine de certains déclencheurs, mais le ressenti et le comportement qui s’en suit nous appartient.

Alors la prochaine fois que déciderez-vous ?


5. Un réquisitoire bien orienté

Le consentement sous alcool

Le consentement est ultra débattu ces derniers temps, mais le parallèle avec l’alcool n’est à mon sens pas assez évoqué. Car le consentement sous alcool, est l’une des problématiques à laquelle on a pas de réponses.

La question que je soulève est : est-ce qu’on couche avec les mêmes personnes quand on est sobre ?

L’alcool ne fait pas que désinhiber. On l’a dit, il altère le jugement, il créé un espèce de brouillard où le flirt devient plus audacieux, où les limites deviennent floues.

Il ouvre la porte à des situations que sciemment, on aurait peut être pas, voir pas du tout, désiré.

Dans ce cas de figure, l’ivresse est un lâcher prise dangereux parce qu’elle nous éloigne de nous-mêmes.

Ce genre d’expériences, lorsqu’elles sont répétées peuvent d’ailleurs finir par nuire fortement à l’estime de nous-mêmes.


L’éducation comme solution

La solution ? L’éducation. Comment on apprend aux plus jeunes à gérer l’alcool, sans leur dire “ne bois pas trop, c’est mauvais pour ta santé” (pire conseil selon moi) ?

On a eu des cours d’éducation sexuelle ou de sensibilisation aux dangers de l’alcool, mais jamais concrètement sur ce que le second implique sur le premier.

Que l’alcool ne joue pas de la même façon sur un homme et une femme. Que ça fragilise. Que ça altère la véracité du consentement.

On doit parler des moments où on n’est plus en capacité de dire non. Où l’un ne reconnaît plus les signaux d’alerte de l’autre.

Donc éducation sexuelle oui, mais éducation sexuelle sous substance tout autant !


  1. Le sans alcool : la solution ?

Pour terminer, je souhaiterai simplement parler des bienfaits de conscientiser sa consommation d’alcool.

On parle beaucoup des sacrifices que ça demande mais wouaw, arrêtons nous deux secondes sur les avantages svp !

L’absence de gueule de bois, avantage évident et pourtant tellement sous-côté.

Et je ne parle pas seulement du mal de crâne au réveil, je parle du fait de bien dormir, de l’absence de flou mental dans la journée, de se sentir bien dans sa tête, sans confusion, en “capacité de faire” et non pas “limité à cause”.


Alors, stop à l’alcool pour moi ?

Pas du tout !

L’alcool “compensatoire” n’a plus sa place dans ma vie, oui.

Par contre, j’aime toujours autant la douceur des moments d’ivresse, et je les apprécie d’autant plus maintenant que je les ai conscientisé. J’aime l’idée de sacraliser un moment festif, un mariage, un anniversaire, un moment de célébration. J’aime l’énergie, l’effervescence qui s’en dégage. J’aime le goût du vin aussi.

Donc conclusion, la fête n’est pas plus folle sans alcool. Elle sera sûrement plus folle avec alcool, mais le post fête sera aussi plus douloureux (et pas uniquement sur le plan physique).

Par contre si vous voulez faire de la vie une grande fête, elle sera sûrement plus agréable et authentique avec un peu plus de conscience de sa consommation.

Je vous laisse sur ça 🌞

Et en attendant, n'oublie pas :

  • T’abonner à ma Newsletter hebdomadaire pour nourrir tes réflexions

  • Me suivre sur Instagram pour des inspirations quotidiennes

  • Mon site internet pour avoir plus d'infos