👀 Ne plus subir le regard des autres
Rapport aux autres

Et si on apprenait à se libérer du regard des autres, autrement que par la confiance en soi ?
Introduction
Que se passe-t-il donc de si fort quand les autres nous regardent ?
Comment un simple regard, auquel on aspirait tant enfant, nous fait-il à ce point vaciller une fois adulte ?
Comment l’attention des autres à notre égard, peut-elle être à la fois force motrice de nos actions dans le meilleur et frein à nos élans dans le pire ?
Et sommes-nous condamnés à vivre sous le joug de cette force invisible oscillant entre jugement et validation ?
Selon un sondage IFOP de septembre 2023, 53% des Français estiment que la peur du regard des autres constitue un frein majeur à leur bien-être mental.
Un chiffre qui ne me surprend pas tellement, tant ce sujet revient dans mes conversations, mes accompagnements, et mes propres questionnements.
Et si je vous disais que la solution n'est pas d'avoir "plus confiance en soi" comme on l'entend si souvent ?
Cette approche, bien que séduisante, reste superficielle. Notamment car elle pose une question bien plus philosophique : pour avoir confiance, il faut connaitre.
Et nous connaissons-nous vraiment ?
1. Le pouvoir du regard miroir
Commençons par une vérité fondamentale
Nous avons tous besoin du regard de l'autre.
Ce n'est pas une faiblesse, c'est notre nature profondément sociale.
Le regard de l'autre, avant d’être une source de jugement, est une confirmation de notre existence.
J'avais entendu dans un podcast cette question :
"Est-ce que tu ferais un marathon si tu pouvais n'en parler à personne ?"
De la même manière, le psychologue Daniel Kahneman nous demande d'imaginer nos vacances de rêve. Moi spontanément, j’ai pensé au tour du Mont Blanc, aux Dolomites en Italie, ou à un voyage itinérant de plusieurs semaines en Asie.
Mais il ajoute : si vous ne pouvez rien en retenir (plus de souvenirs) ni en parler à personne, votre choix ne se porterait-il pas vers quelque chose de ressourçant, de reposant ?
Surement que si.
Cette question met en lumière notre désir profond de se prouver qu'on est vivant, et que cette vie vaut la peine d'être vécue.
Les réseaux sociaux ne font qu'amplifier ce besoin : "confirmez-moi par des signaux (like, commentaires, messages) que ma vie vaut la peine d'être vécue".
J'aime cette phrase de Joyce Maynard dans Où vivaient les gens heureux :
“Un événement ne devenait vraiment réel dans la vie de ses enfants que s'ils le lui racontaient, à moins qu'elle en ait été témoin."
Enfant, l'événement n'existe que s'il est raconté à quelqu'un.
Et adulte alors ?
2. Ce n'est pas de confiance qu'on manque, mais d'acceptation de soi
Il existe un malentendu tenace :
Avoir confiance en soi suffirait à se libérer du regard des autres.
Pourtant, j’ai pléthore d’exemples dans mon entourage qui prouvent qu’on peut être compétent, avoir une estime de soi convenable, une confiance dans nos capacités, et rester très sensible au jugement extérieur. Pourquoi ?
Nous craignons le regard de l'autre sur des zones de nous-mêmes que nous n'avons pas encore acceptées.
👉🏼 Prenons l'exemple d'un complexe physique :
Si vous vous sentez parfaitement à l'aise avec votre nez, vous ne craindrez absolument pas le regard des autres sur cette partie de vous. En revanche, si vous avez un problème avec votre ventre, vous redouterez ce regard sur cette zone précise.
Ce qui nous immunise contre ce regard extérieur, c'est donc tout naturellement l'acceptation.
Plus j'intègre mes imperfections, plus je deviens “imperméable".
Non pas insensible – on ne se défait parfois jamais complètement de certains complexes – mais plus solide.
J'aime cette image utilisée par Navo, auteur et ami de Kyan Khojandi :
"On devient un roseau : il peut plier sous le vent, être malmené, mais il ne casse pas."
Pour l'illustrer autrement, regardons les personnes âgées. On entend souvent les personnes en fin de vie regretter ce qu'elles n'ont pas tenté par peur du jugement, réalisant aujourd'hui à quel point il était inoffensif.
Comment l'expliquer ?
Elles ont expérimenté la vie et compris que la lutte contre elles-mêmes n'avait pas de sens. Elles sont généralement bien plus douces envers leur apparence physique qui a subi les affres du temps, mais aussi envers leur manière d'être.
Elles sont dans une plus grande acceptation de ce qu'elles sont, et sont de fait détachées de ce qu’on pourrait penser d’elles.
3. Le piège de la comparaison et la puissance du désir
La deuxième raison est liée non pas à l'acceptation mais à la connaissance de soi.
Lorsque qu’on se sent régulièrement jugé par les autres, c’est très souvent parce qu’on a nous-mêmes tendance à juger les autres. Mais ce n’est pas votre faute, nous avons été éduqué dans une société qui valorise la comparaison.
Dès notre plus jeune âge, l'école française nous inculque cette culture de la comparaison. On nous apprend que notre réussite se mesure à notre capacité à dépasser les autres, plutôt qu'à nous perfectionner nous-mêmes.
Résultat ? On grandit avec cette idée que notre valeur est relative, jamais absolue.
Selon Charles Pépin (❤️), l’antidote à cette comparaison, c’est la fidélité à son propre désir. Pas celui qu'on croit devoir avoir, mais celui qui nous anime profondément.
Si vous ne savez pas ce que vous voulez vraiment, tous les désirs des autres deviennent les vôtres. Et vous vous perdrez dans une quête, qui n'est pas la vôtre.
L'exemple est particulièrement parlant dans la sphère professionnelle.
Quand on est étudiant, sans passion clairement définie, on devient perméable à toutes les carrières qui se dessinent. On est nombreux à avoir ressenti de l'envie lors d'une discussion avec un inconnu, à l'entendre parler de son travail. En se disant "c'est pas mal ce qu'il ou elle fait, peut-être que je devrais l'envisager”.
Et le problème, c'est que tu commences donc à te comparer à tout le monde et tu t'éloignes toujours un peu plus de ton désir propre.
À l'inverse, faire la clarté sur ce que je veux, va désactiver le pouvoir du regard de l'autre. Si tu sais pourquoi tu fais ce que tu fais, tu acceptes dans le même temps, que les autres ne le comprennent pas.
Tu n'as donc plus peur d'être jugé pour ce que tu fais ou es.
Parce que toi, tu te sens Aligné.
4. Apprendre à admirer sans se diminuer
Au-delà de ces 2 aspects, connaissance et acceptation, vous avez sûrement déjà entendu dire que :
"Vous continuerez à vous sentir jugé tant que vous jugerez".
Ne pas juger du tout, à mon sens, est un leurre.
D'abord parce que dans le jugement, il y a parfois une forme d'esprit critique, et l'enjeu n'est pas de devenir un être sans opinion.
Ensuite, parce que le jugement est parfois spontané, voir inconscient, et que nous n'avons pas la main sur nos réactions automatiques.
Plutôt que de se comparer à meilleur que soi, l'une des pistes consisterait à admirer.
Admirer, c'est voir dans le reflet de l'autre ce que l'on pourrait devenir. C'est un signal, la preuve que ce qui nous fascine existe déjà en nous, quelque part, et attend d'être exploité pour se révéler.
Dis autrement, quand tu admires, tu touches une version de toi encore inexprimée. Et en admirant, tu la nourris.
Tu lui donnes l'occasion de mûrir et de cheminer vers ce "mieux" que tu perçois.
Mais attention, admirer, ce n'est pas vénérer.
Ce n'est pas s'effacer, ni idéaliser.
C'est se nourrir de l'exemple de ceux qui ont osé, sans chercher à les imiter, mais en osant, à notre tour, le risque d'être nous-mêmes.
Conclusion : les trois clés
Le regard de l'autre ne disparaît pas mais il cesse d'avoir du pouvoir quand on :
s'accepte
connaît son désir
transforme la comparaison en admiration
Revenir à soi, ce n'est pas s'isoler, c'est apprendre à exister pleinement.
Je vous laisse avec ces deux questions :
Dans quel domaine de votre vie cherchez-vous encore inconsciemment la validation extérieure ?
Et que dit cela de votre désir non clarifié ?
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