Retraite de jeûne

Rapport à soi

Et si ne rien manger pendant 5 jours devenait l’expérience la plus nourrissante de ma vie ?

1. La décision :

“T’as vraiment payé pour ne pas manger ?”

A posteriori, ça a été sans aucun doute, la première réaction de mon entourage (oui parce que les inconnus civilisés ne se permettraient pas une telle remarque en première instance. En revanche, après deux trois verres, je ne dis pas).

Alors OUI, j’ai effectivement payé pour ne pas manger, et qui plus est, j’ai ADORE ça.

Ca faisait plusieurs années que j’entendais parler via des podcasts notamment, de retraite de jeûne, de ses vertus, de l’expérience transformatrice qui en découlait. J’étais à la fois fascinée et terrifiée par l’idée. Je savais que mon corps allait tenir. Mais ma tête ?

J’envisageais donc d’en faire une dans ma vie mais à un horizon disons … lointain (genre dans 20 ans ?).

Et puis, la vie s’est chargée de bousculer mes plans. Une rupture plus tard, l’envie de faire une pause, de me recentrer, et de vivre une expérience introspective m’a paru évident.

2. Les bienfaits physiques et psychiques

Les bienfaits physiques

  • Détox du foie (et il en avait bien besoin à l’époque).

  • Amélioration du contrôle de la glycémie et réduction des risques de diabète.

  • Diminution des inflammations, meilleure santé cardiaque.

  • Effets protecteurs sur le cerveau : boost de la mémoire, prévention contre Alzheimer et Parkinson.


    ⚠️ Mais pas pour perdre du poids !! Si vous n’êtes pas en surpoids, vous ne perdrez que de l’eau… et ça se reprend tout aussi vite, donc n’en faites pas votre moteur principal !

Les bienfaits psychiques

  • Un apaisement mental prouvé scientifiquement.

  • Meilleure concentration, meilleur sommeil

  • Un boost de sérotonine, une réduction de l’anxiété.

  • Un temps pour moi, loin du tumulte, pour écrire, réfléchir et me recentrer.

Et mon rapport à l’alimentation…

J’espérais aussi améliorer quelques habitudes :

  • Retrouver le sentiment de satiété : chez moi, commencer une tablette de chocolat = la finir.

  • Gérer l’attente : et notamment l’impatience et l’irritabilité quand la faim se faisait sentir et que je devais patienter avant de pouvoir manger.

  • Sortir du système “récompense = sucré”. Qu’il s’agisse d’une journée éprouvante, excitante, ou même assez banal, le réflexe était le même, récompense sucré.

  • Ne plus “manger mes émotions” : surtout le soir, où j'avais tendance à grignoter pas mal juste avant d’aller dormir.


3. L’état d’esprit pré-départ : entre excitation et appréhension

J’étais à la fois impatiente et… complètement flippée.

  • L’anticipation de la souffrance

    Je savais que physiquement, il n’y avait aucun danger. Mais mentalement ? Je savais que j’allais morfler. Et j’aimais bien l’idée. Pas par masochisme hein, mais parce que dans mon processus personnel, je sais que c’est dans la difficulté que j’évolue, que j’apprends. Et je sais ce que je poursuis : je veux en ressortir plus connectée à moi, moins anxieuse et plus alignée.

  • Le challenge du dépassement de soi

    Comme pour un défi sportif, je voulais voir jusqu’où mon corps pouvait aller. Et quand il aurait atteint ses limites… jusqu’où mon mental prendrait le relais ?

  • La peur de ne pas dormir

    L’expression “qui dort, dîne” ? Je l’ai jamais compris moi. J’ai toujours eu besoin de manger beaucoup le soir pour bien dormir. L’idée de me coucher à jeun était certainement ce qui m’angoissait le plus.


4. La semaine pré-départ :

Pour éviter un choc trop brutal, il faut préparer son corps et procéder à une “descente alimentaire”. Concrètement, sept jour avant le jeûne, on élimine les excitants (café, alcool), puis les protéines et à J-3 les céréales… jusqu’à ne manger que des fruits et des légumes les 48h précédant le jeûne.

L’objectif c’est tout simplement de préparer ton organisme pour que le choc de l’arrêt de la nourriture ne soit pas trop violent, et limiter les effets de la cétose (l’état où, faute de glucides, le corps puise dans les graisses), ce qui peut amener crampes, vertige, chute de tension voir les règles (même si votre dernier cycle date de 10 jours).

SAUF que j’étais en Italie jusqu’à la veille du départ.

Autant vous dire que la descente alimentaire n’a PAS été respectée, la faute aux spritz et aux pastaaa.

Stay tuned.

5. Le programme : nature, sport et purge

J’arrive à Aix-en-Provence. La maison est superbe, isolée en pleine nature. On est littéralement en autarcie. Et évidemment pas de cuisine, donc pas d’odeur, ni de tentation (ce qui n’empêche pas certains de venir avec des paquets de gâteaux).

La moyenne d’âge ? 60 ans, à l’exception de deux-trois quadragénaires.


Etape préliminaire et indispensable : la purge

On commence par une purge intestinale avec un breuvage infâme de chlorure de magnésium. A partir de là, on considère que tu es, physiquement comme psychologiquement, “prêt” à commencer ton jeûne.

Ensuite, le quotidien s’installe

  • 7h : réveil, départ pour 2-3h de randonnée.

  • Aquagym de 45 min : pas d’obligations mais de grosses incitations pour éviter que le corps ne puise dans les muscles

  • Après-midi libre puis vers 18h, cours de yoga, méditation…

  • Réunion pédagogique vers 19h sur le jeûne, puis dodo

Dès que tu enlèves les repas, tu réalises à quel point on passe du temps à manger, et surtout ô combien ça rythme nos journées.

6. Un vécu mitigé

Jours 1 & 2 :

La première journée, j’ai l’excitation de la nouveauté, je m’émerveille de la nature, du calme… Mais la première nuit ? Une torture.

Avec une nuit qui commence à 19h et se fini à 7h, la nuit est longue, TRES longue. Surtout quand tu ne dors PAS. Lorsque tu jeûne, ton corps a beau être faible, tu ne parviens pas à sombrer dans le sommeil, parce que tu es constamment dans une forme de vigilance et d’excitation mentale.

Résultat : 2-3h de sommeil max et une nuit pas très agréable.

Jour 3 : l’effondrement

48h sans manger. A partir de là, je rentre en cétose.

Et comme je n’ai pas fait ma descente alimentaire correctement… je SUBIS.

Je me réveille comateuse, avec une sensation de gueule de bois digne d’un nouvel an. J’ai à peine le temps d’alerter ma colocataire de chambre qui préviendra le gérant du centre avant que je tombe dans les pommes.

A ce moment, prise de tension et compote forcée, que j’ai d’abord refusé parce que je le voyais comme une rupture de mon jeûne (l’égo quand tu nous tiens…). J’ai fini par la manger et me suis endormi comme un bébé.

Jours 4 & 5 : entre révélation et lassitude

  • Des moments d’épiphanies : méditations profondes, pics d’énergie où je pourrai aller courir un marathon, de très bonnes sensations physiques, un sentiment de paix global.

  • Mais aussi des moments de longs ennuis : sur la fin, la lecture devient de plus en plus difficile (TOUS les livres parlent de bouffe), et que dire des films.
    On a eu la bonne idée d’aller au cinéma pour “changer” du centre. On avait oublié les odeurs dans les villes et l’omniprésence des moments des repas dans les films…

À J+5, je compte les heures. J’ai envie de remanger oui, mais surtout de voir mes proches, de changer d’environnement. Je subis littéralement les derniers moments que je vis comme une réalité qu’on m’impose, non choisie (la meuf est 100% venue de son plein gré.

Dernier jour

Le dernier jour par contre est très joyeux : on se réunit toutes et tous pour un brunch de fruit et légumes à 11h où je picore littéralement trois brocolis, avec un sentiment de satiété quasiment immédiat.

Mais surtout, je me sens alignée, apaisée, fière… et persuadée d’avoir changé mon rapport à la nourriture. (Spoiler : pas du tout.)

Je repars alors vers Paris et commence la reprise alimentaire : légumes, fruits pendant 2 jours, ensuite, céréales, protéines, et enfin café, et alcool.


7. Ce que j’en ai retiré

Concernant mon retour sur l’expérience :

  • Physiquement : dents ultra-blanches, teint superbe, ongles solides comme je n’ai jamais eu et cheveux éclatants

  • Psychiquement : meilleur sommeil, plus de concentration, un bien-être général sur la durée.

  • Alimentation :

✅ Je me sens bien plus connectée à mes sensations de faim. J’ai paradoxalement augmenté mes quantités, sentant plus clairement quand j’ai faim. Et je suis aussi moins impatiente et irritable parce que je sais que physiologiquement, mon corps peut attendre loooooongtemps.

❌ Toujours une difficulté à m’arrêter quand j’aime ce que je mange. C’est une telle source de plaisir que je pense que je mange encore beaucoup trop par rapport à mes besoins physiologiques. Surtout au diner. Le festin chez moi, c’est le soir.
Et je ne compte pas changer ça. Mais j’aime aussi beaucoup ne pas manger. Sentir l’arrivée d’un vide physique que je remplis autrement, en me nourrissant de gens inspirants, de lecture, de créativité.

J’ai aussi pris conscience de certaines angoisses. C’est la force des retraites : vous pousser dans vos retranchements pour découvrir certains aspects de vous.

  • Mon besoin d’urgence permanent, ma difficulté à accepter l’inconfort, le moment lorsqu’il m’est désagréable.

  • Mon incapacité à accueillir le vide : le vide physique a été compensé par toute distraction que je pouvais trouver : podcast, lectures, écritures, piscine, réseaux… Je n’aurai pas pu le combiner au vide psychique qu’on vient chercher dans les retraites de silence. Un jour peut être ?

8. Est-ce que je recommande ?

Oui, mais encadré ! Pour une première fois, j’encourage vivement à passer par un centre, dans lequel vous serez encadré. C’est un budget, c’est sûr, mais c’est indispensable selon moi. En revanche, je conseillerai un centre qui propose plus de diversité dans les activités, pour ne pas entrer dans une routine, qui peut être pesante sur la fin.

✅ Alternative plus douce ? La monodiète qui ne demande aucune préparation. Ca consiste simplement à ne consommer pendant 3 jours qu’un seul et même aliment, généralement du raisin mais vous pouvez le faire avec l’aliment que vous souhaitez. C’est une manière plus douce d’identifier la différence entre la faim physique et la faim psychologique.

Alors, ça t’a donné envie ? N’hésite pas à m’envoyer un MP si tu as des questions/ veux en discuter ☺️

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