🤔 L'émotion n'est jamais le problème (part 2)

Introduction

La semaine dernière, on a exploré la notion d’émotions, leur légitimité et leur utilité, dans la compréhension de nos besoins, valeurs et limites.

Aujourd’hui, je te propose d’explorer le véritable problème que nous rencontrons (presque) tous dans le cadre de notre gestion émotionnelle à savoir :

Les mécanismes utilisés par notre mental pour traiter les émotions, à l’origine de notre "surchauffe" émotionnelle.

1. La mécanique de nos réactions émotionnelles

L'émotion n'est jamais le problème.

Nos difficultés commencent lorsque le système mental du cerveau enregistre automatiquement nos réactions comme le seul moyen de vivre.

C’est ce qui explique le fait que certaines personnes soient bloquées dans des “schémas” : untel est colérique, l’autre susceptible, l’autre craintif, etc

Voici ce qui se passe réellement lors d'une réaction émotionnelle :

1️⃣ Début de l’émotion dans le corps (processus non conscient)

• Étape 1 : Perception sensorielle d’un événement

• Étape 2 : Sensations corporelles

• Étape 3 : Réaction corporelle de défense (fuite, lutte, repli)

• Étape 4 : Besoin d’intégrité satisfait, retour de l’équilibre

  
  

Cette phase est naturelle et physiologique. C’est après que ça se complique 👇🏼

2️⃣ Diffusion de l’émotion dans l’esprit (processus conscient)

• Étape 5 : Désir de conserver cette intégrité (sécurité, identité, sens)

L’incident a réveillé la nécessité de satisfaire nos besoins de sécurité, d’identité, de sens). Pourquoi ?

Parce que le corps ayant retrouvé un état de stabilité, l’esprit va ensuite chercher à conserver un état de satisfaction.

👉🏼 Il va donc poursuivre dans la même voie, en créant une pression, une exigence mentale.

• Étape 6 : Pensées et comportements automatiques pour conserver cet intégrité

Il s’agit de tout faire pour ne pas être à nouveau déstabilisé.

— Dans les comportements automatiques, on retrouve : éviter la situation, tenter de la contrôler etc

— Du côté des pensées, on retrouve : « Ce n’est pas possible, c’est insupportable, je ne comprends rien, ce n’est pas normal… »
Autant de pensées automatiques qui témoignent de l’épreuve traversée mais aussi de notre difficulté à la tolérer.

• Étape 7 : Ressentis douloureux, sensations de mal-être

À force d’éviter certaines situations, nous finissons par nous en vouloir, par avoir peur de ne pas y arriver, de manquer de moyens pour répondre à notre besoin/ désir.

Nous nous sentons frustrés (de ne pas être bien), coupables (de réagir comme ça), nuls (d’être à ce point déstabilisés), impuissants (de ne rien pouvoir changer).

Les ressentis vont s’intensifier jusqu’à créer une surchauffe mentale. Finalement, ces émotions vont s’ajouter par-dessus l’émotion initiale

• Étape 8 : Représentations, croyances, interprétations subjectives

En répétant ce processus, nous allons créer ce que nous appelons nos représentations subjectives : nos points de vue sur nous-mêmes, les autres et le monde.

Nous allons donner du crédit à ces représentations, jusqu’à en faire des croyances.

2. Notre erreur fondamentale : la focalisation sur la partie “consciente” (étape 5 à 8)

Dans le cas d’une situation émotionnelle difficile, notre erreur consiste à nous focaliser sur la partie consciente et "gérable" de nos émotions, en ignorant leurs racines corporelles et instinctives.

Autrement dit, nous cherchons à gérer les étapes 5 à 8, et plus particulièrement les étapes 6 et 7, celles des pensées, des comportements, des ressentis.

• Nous pensons qu’en canalisant nos ressentis (étape 7), nous serons plus sereins.

👉🏼 Or, plus nous désirons être sereins, plus le ressenti d’impuissance/frustration à l’idée de ne pas y arriver sera élevé. Jusqu’à l’angoisse ou la déprime.

• Nous pensons qu’en modifiant notre comportement ou en optant pour la pensée positive (étape 6), le malaise s’en ira.

👉🏼 Or, la pensée positive, ou toute autre technique pour chasser les problèmes, accentue la fixité de l’esprit sur la satisfaction, créant encore une fois frustration et impuissance.

Ce sont ces éléments là que nous cherchons à modifier.

Comme si le reste (étape 1 à 4) n’existait pas.

3. Comment avancer vers une approche plus efficace ?

Le problème : en raisonnant ainsi, on met de côté les 4 premières étapes de l’émotion.

Or, nos croyances, interprétations sont la conséquence de tout le travail cognitif et corporel qui a eu lieu juste avant !

Si nous ne tenons pas compte de l’émotion corporelle, nous sommes comme cet homme, qui après avoir perdu ses clés dans la rue, la nuit, ne les cherche que sous le lampadaire.
Pourquoi ? Parce que c’est le seul endroit où il y a de la lumière !

👉🏼 Nous cherchons nous aussi sous le lampadaire, c’est-à-dire dans la partie “gérable”.

Il ne s’agit pas de gérer ce qui est non conscient bien sûr (impossible).

Mais de tenter lorsqu’une émotion survint, et même si cela va très vite (quelques secondes), de prendre le temps de la reconnaître.

Si vous ne le faite pas, elle vous laissera juste une impression de déséquilibre… dont vous finirez par attribuer la cause à l’extérieur.

La fatigue que nous éprouvons à être constamment déstabilisés vient toujours de l'ignorance du sens contenu dans notre émotion..

Pour développer une relation plus saine avec vos émotions :

1. Reconnaissez leur valeur.
   Vos émotions ont un sens et une intention vitale.

2. Amenez à la conscience ce qui est non conscient.
   Portez une attention particulière aux signaux corporels qui précèdent vos réactions mentales pour apprendre à la nommer, la reconnaitre.

3. Acceptez ce que vous ne pouvez pas contrôler.
   Certains aspects de notre système émotionnel opèrent indépendamment de notre volonté consciente.

Pour aller plus loin ensemble

J'espère que cette exploration de la mécanique émotionnelle t’a permis d'envisager tes réactions sous un angle nouveau.

Je te laisse avec ces questions :

• Quelle émotion "difficile" revient régulièrement dans ta vie ?

• Quel besoin fondamental pourrait-elle tenter de te signaler ?

• Comment ta vie changerait-elle si tu considérais cette émotion comme une messagère précieuse plutôt que comme un problème à résoudre ?
  

N'hésite pas à me partager tes réflexions !

Vos expériences nourrissent ma pratique et pourraient inspirer d'autres femmes dans leur parcours ! 🌞